Lettre d’information n°12

L’association européenne des musées de l’imprimerie (AEPM), dont fait partie l’atelier du Livre d’art qui siège au Conseil d’administration de cette importante association, organise sa prochaine conférence annuelle à l’atelier-musée de l’imprimerie (AMI) situé à Malesherbes les 5, 6 et 7 mai 2022. Au programme de ces trois journées, sont proposés plusieurs exposés sur le thème « Pourquoi faisons-nous des musées de l’imprimerie ? ». Parmi les intervenants, mentionnons Jean-Marc Providence, directeur de l’AMI, Alan Marshall, ancien directeur du Musée de l’imprimerie et de la communication graphique et ex-président de l’AEPM, May Tove Nyrud, conservatrice du Musée norvégien de l’imprimerie, Michel Wlassikoff, historien du graphisme, Dorothee Ader, nouvelle directrice du Klingspor Museum (Offenbach, Allemagne), Olivier Deloignon, professeur d’histoire de la typographie et du livre, responsable de la collection « Arts du livre » aux éditions Imprimerie nationale / Actes Sud. Figurent également au programme de ces trois journées : des démonstrations de Drew Luan Mattot, sur l’art du papier en tant que thérapie et engagement social, de Frédéric Tachot et Jean-Paul Deschamps, typographes, sur Linotype et Monotype, une visite de l’imprimerie Maury spécialisée dans l’impression des magazines, une visite du tout récent atelier-musée de l’imprimerie qui a ouvert ses portes en 2018, une visite de la Bibliothèque patrimoniale du château de Fontainebleau.

Inscriptions obligatoires via le site de l’AEPM : www.aepm.eu

La figure et les découvertes de Jean-François Champollion (1790-1832), père de l’égyptologie, sont au cœur de l’exposition « L’aventure Champollion. Dans le secret des hiéroglyphes » programmée jusqu’au 24 juillet à la Bibliothèque nationale de France (site François Mitterrand) dans le cadre du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes. C’est en en effet en 1822 que le jeune savant de 32 ans expose son interprétation du système graphique des Égyptiens anciens qui permettra de dévoiler les noms des pharaons, de déchiffrer des livres des morts qui viennent alors d’être exhumés et de mieux comprendre une langue et une littérature perdues depuis plus de 1 500 ans. Cette exposition qui réunit près de 350 pièces – manuscrits et notes de travail du savant, estampes (en particulier l’estampage à l’encre noire de la célèbre Pierre de Rosette), photographies, papyrus, sculptures… issues des collections de la BnF et de prêts exceptionnels, notamment ceux de l’Imprimerie nationale (14 pièces parmi lesquelles de rarissimes planches de dessins, mais également des ensembles de poinçons, matrices et caractères hiéroglyphiques gravés dans les années 1840) - met en lumière la démarche de Champollion, son actualité et son influence jusqu’à nos jours.

Pour toutes précisions sur l’exposition, consultez le site : www.bnf.fr/fr/agenda/laventure-champollion

L’Imprimerie nationale a été sollicitée pour un prêt de poinçons typographiques gothiques des XIV^e et XV^e siècles pour l’exposition « Secrets de la Terre » programmée du 24 juin 2022 au 23 octobre 2023 au musée des Confluences (Lyon). Ces poinçons s’inscrivent dans cette longue histoire de l’utilisation des minéraux par l’Homme et illustrent l’invention du plomb typographique (alliage de plomb et d’antimoine) dans la fabrication des caractères mobiles d’imprimerie mise au point par Gutenberg.
Cette exposition est organisée à l’occasion du bicentenaire de la mort du plus célèbre minéralogiste français, René Just Haüy, célébré par la Société française de minéralogie et de cristallographie, et de la 23^e assemblée générale de l’Association internationale de minéralogie (IMA) qui se déroulera à Lyon et à laquelle prendront part des chercheurs du monde entier qui aborderont les découvertes scientifiques et les enjeux contemporains ayant trait aux minéraux, minerais, roches et cristaux, et plus particulièrement aux progrès réalisés par la minéralogie en tant que science dans l'exploration planétaire.
À travers cette exposition, le musée des Confluences entend valoriser sa collection de géologie, constituée de près de 8 000 échantillons de minéraux, dont 200 de grandes tailles, de 525 gemmes, et de 2 500 spécimens de roches. Cet ensemble est l'une des grandes collections publiques françaises de minéraux et de gemmes, notamment pour les échantillons d’azurites et de fluorites.

Pour toutes précisions concernant cette exposition, consultez le site www.museedesconfluences.fr

L’atelier du Livre d’art & de l’Estampe de l’Imprimerie nationale (IN Groupe) a entre autres pour mission de conserver l’un des plus importants patrimoines typographiques au monde, constitué de 700 000 pièces gravées (poinçons typographiques, matrices, vignettes, cuivres d’illustration, fers à dorer, bois gravés … dont la plupart sont classés monuments historiques), et 35 000 livres et autres publications du XVI^e siècle à nos jours jalonnant l’histoire de l’imprimerie française au cours de ces cinq derniers siècles.
Cette collection que l’on peut qualifier d’universelle conserve en effet, outre des caractères latins exclusifs (Garamont, Grandjean, Luce, Didot de l’Empereur…), des caractères de toutes époques et de tous pays : hiéroglyphes égyptiens, ninivite, araméen, chinois, brâhmî, arabe, hébreu, tifinag, mandéen, télougou..., permettant aux typographes de composer dans plus de 65 écritures du monde et ce dans plusieurs styles différents.
Cet ensemble de livres, caractères et matériels est indissolublement lié à l’atelier du Livre, à la fois lieu de mémoire et de création.
Dans le cadre de la récente mise en place d’une plateforme numérique documentaire, dont le but est de permettre d’établir un inventaire complet de l’ensemble de ses collections (700 000 pièces gravées et 35 000 livres et autres publications), l’atelier du livre d’art d’IN Groupe proposera prochainement, outre son site internet dédié, un portail documentaire associé. Celui-ci vise à rendre accessible une partie de ces riches collections en proposant un catalogue recensant notices, numérisations et autres ressources de l’atelier du livre
Des expositions virtuelles seront en outre proposées. Une première exposition virtuelle porte sur la thématique des Caractères exclusifs de l’Imprimerie nationale. Plusieurs « coups de cœur » se rapportant à quelques pièces majeures issues des collections de poinçons figurent également sur la page d’accueil du portail.
Ce portail a vocation à pérenniser les collections de l’Imprimerie nationale dans un but pédagogique mais également de transmission.
Il permettra en outre aux chercheurs mais également à un public plus large de prendre connaissance de l’importance des pièces gravées et ouvrages conservés au sein de ce patrimoine d’exception, et d’interroger les responsables sur leur usage ou encore les détails de leur confection. Ce portail qui doit également être un lieu d’échange et d’information s’enrichira grâce au dialogue entre les chercheurs et les responsables scientifiques des collections de l’Imprimerie nationale.

Il est d’ores et déjà possible d’y accéder via notre site internet : www.atelier-du-livre-art-imprimerienationale.fr

En septembre dernier, l’Atelier du Livre d’Art a accueilli un nouvel arrivant : Christophe Koopmans. Après une quinzaine d’années passées en tant que conducteur sur le site industriel de l’Imprimerie nationale, Christophe Koopmans s’est proposé à l’atelier du Livre d’art lors d’un appel à candidature interne. Christophe s’est rapidement distingué parmi toutes les candidatures reçues, pour s’investir et apprendre un nouveau métier qu’est celui du compositeur – fondeur, une double vocation indispensable à l’Atelier. Il a ainsi acquis depuis ces six derniers mois, auprès de Frédéric Lepetz, compositeur-typographe et chef d’équipe de l’atelier, toutes les compétences nécessaires pour la composition typographique d’ouvrages de bibliophilie et autres publications soignées à tirage limité. Dans le même temps, il a débuté une formation à la fonte de caractères sous la responsabilité de Frédéric Lepetz et de l’actuel fondeur Philippe Mérille.

Les Cygnes sauvages imprimé à l’automne dernier sur les presses de l’atelier du Livre d’art pour le compte des éditions Léal-Torres (voir notre précédente Lettre d’information n°11), vient de faire l’objet d’un documentaire où sont présentées les différentes étapes de la réalisation de ce livre d’artiste constitué d’un récit de voyage de Kenneth White et de neuf photographies inédites de Marie-Claude White. Ainsi, l’internaute pourra-t-il suivre, pas à pas, l’élaboration de l’ouvrage depuis la composition et l’impression du texte en Gauthier, la reproduction en taille-douce des photographies sur les presses de l’atelier Moret, la confection des plats en verre par l’atelier Verglass et de la reliure copte par l’atelier Célia Casal, la teinture de l’enveloppe de lin par l’artiste japonaise Yuko Kitta. Cette vidéo que nos lecteurs peuvent visionner dès maintenant montrent la mise en œuvre complexe d’un livre de création original par plusieurs artisans talentueux aux savoir-faire rarissimes, mené à bien grâce à la fine coordination du responsable de fabrication de l’atelier Bruno Bonnabry-Duval qui a lui-même largement participé au choix de ces participants. Les différentes séquences de ce film nous révèlent qu’un tel livre est le fruit de collaborations artistiques et artisanales fort étroites où rien n’est laissé au hasard, où tout est mûrement réfléchi par l’éditeur, les auteurs et le fabricant, depuis le choix du papier, du Pescia 160 g de Magnani Papers, jusqu’au tirage du livre à 35 exemplaires. Il en résulte une publication de haute qualité bibliophilique où chaque participant est engagé pleinement à la hauteur de ses compétences.

Visionner la vidéo de présentation

Au titre de son programme de résidences organisées au sein de la future Cité internationale de la langue française (Château de Villers-Cotterêts), le Centre des monuments nationaux (CMN) a annoncé un partenariat tripartite avec l'Imprimerie nationale (IN Groupe) et le Centre national des arts plastiques (CNAP) pour mettre en œuvre à partir de 2023 une résidence dédiée à la création typographique pour des designers et typographes nationaux et internationaux.
Partageant un objectif commun de valorisation de la création artistique, notamment dans le domaine typographique, le CMN, IN Groupe et le CNAP se sont rapprochés afin d’organiser, au printemps 2023, une résidence de création artistique au sein de la Cité Internationale de la Langue Française et de l’atelier du Livre d’art, visant à accueillir un ou plusieurs artistes-auteurs, dont le projet de création, de recherche ou d’expérimentation porte sur la création typographique. Ce projet s’inscrit dans la dynamique initiée par le CMN et IN Groupe, formalisée par une convention de partenariat signée fin 2021.

Un partenariat stratégique vient d’être mis en place entre l’Atelier du livre d’art et de l’estampe de l’Imprimerie nationale / IN Groupe et l’Office du Tourisme du Douaisis. Ce partenariat vise à promouvoir des visites de particuliers à l’atelier du Livre d’art tout au long de cette année, et constitue une étape essentielle en termes de préfiguration d’un projet muséal en cours d’élaboration par IN Groupe, les équipes de l’atelier du Livre d’art et les collectivités territoriales.

Pour s’inscrire à une visite, rien de plus simple : il suffit d’adresser sa demande à www.douaisis-tourisme.fr

Dans son 27^e numéro, Graphisme en France, revue gratuite du Centre national des arts plastiques (CNAP), s'interroge sur le graphisme dans notre société actuelle. Éditée à 10 000 exemplaires et téléchargeable (en format PdF) sur le site du CNAP, cette revue d'une centaine de pages partage l'expertise de professionnels du design sur le rôle et la place du graphisme aujourd’hui en France. "Les formes, les images, les signes construisent et structurent notre quotidien, nos imaginaires et forgent notre sens critique. Comment le design graphique contribue-t-il à plus de cohésion, de compréhension, d'équilibre de la société dans laquelle nous vivons ? Comment nous permet-il de mieux circuler, de mieux éduquer, de mieux comprendre, de mieux interagir ? Comment permet-il d'embellir et de rendre l'environnement dans lequel nous vivons plus riche, plus respectueux, plus intéressant ?" Pour répondre à ces questions, trois professionnels du design partagent leur expertise et leur point de vue : Mac Bruinsma, critique d'art et de design néerlandais, Élodie Boyer, fondatrice de la maison Éditions Non Standard et d'une agence de création et conseils de marques, et Eloisa Pérez, graphiste, typographe et enseignante.

Pour consulter Graphisme en France : cnap.fr/graphisme-en-france

Les origines du livre imprimé sont beaucoup plus lointaines qu’il n’y paraît. Si Gutenberg a bien mis au point l’imprimerie telle que nous l’entendons aujourd’hui en Occident, c’est-à-dire avec des caractères en plomb mobiles ainsi que la presse destinée à l’impression des textes, c’est à la Chine qu’il convient d’attribuer l’invention des tout premiers livres imprimés à la jonction des VII^e et VIII^e siècles. Certes il ne s’agissait que d’ouvrages xylographiques mais la technique de l’impression à partir d’une matrice existait déjà bel et bien dans la Chine ancienne. Olivier Deloignon, chercheur associé à l’Université de Strasbourg et professeur d’histoire de la typographie et du livre à la Haute école des arts du Rhin, qui a coordonné l’ouvrage D’encre et de papier, et qui a rédigé la première partie de cet ouvrage, le souligne amplement et de manière fort détaillée au tout début de celui-ci : « Il existe en Chine une longue tradition de fixation et de transmission des textes par le livre imprimé ». Très sérieusement documentée, cette histoire du livre retracée par trois éminents historiens, les deux autres étant Jean-Marc Chatelain, directeur de la Réserve des livres rares à la Bibliothèque nationale de France, et Jean-Yves Mollier, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paris Saclay/Versailles Saint-Quentin, spécialiste de l’histoire de l’édition, du livre et de la lecture, constitue un parcours original et passionnant du VIII^e au XXI^e siècle sur cet « objet devenu usuel mais au pouvoir finalement resté mystérieux » comme le rappelle O. Deloignon dans l’avant-propos. Structuré en trois parties distinctes (« Le livre expérimenté VIII^e-XVI^e siècle », « Le livre contrôlé XVII^e-XVIII^e siècle », « Le livre apprivoisé XIX^e-XX^e siècle »), l’ouvrage propose une approche davantage politique, économique et sociologique que technique contrairement à ce que son titre pourrait suggérer. La richesse des propos et des analyses en fait néanmoins un outil essentiel pour comprendre l’évolution du livre imprimé à travers les différentes époques, ses rôles et ses enjeux dans le cadre de notre civilisation occidentale. Abondamment illustrée (on peut toutefois regretter la séparation des textes et des illustrations réunies à la fin de chacune des trois parties), cette publication consacrée à l’histoire du livre imprimé se présente sous la forme d’une brochure cousue mais non reliée, revêtue d’une simple jaquette, évoquant ainsi la structure du codex à l’origine de nos livres contemporains. Ce retour sur les origines du livre constitué de cahiers assemblés et cousus, le tout enveloppé dans une simple couverture en papier exprime une orientation janséniste qui résume fort bien cette nouvelle contribution à une longue histoire qui est loin d’avoir dit son dernier mot.

D’encre et de papier, une histoire du livre imprimé, sous la direction d’Olivier Deloignon, Imprimerie nationale Éditions / Actes sud, coll. « Arts du livre », 2021. 89 €.