Lettres d’information de l’Atelier du Livre d’art et de l’Estampe
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Lettre d’information n°9

Vous êtes désormais plus de 8 000 à recevoir cette newsletter numérique, diffusée tous les trois mois depuis deux ans. Nous vous rappelons que cette lettre a pour but de vous informer sur les activités de l’atelier du Livre d’art et de l’Estampe (Groupe Imprimerie Nationale devenu tout récemment IN Groupe).

Grâce à l’action d’IN Groupe dont il est une branche essentielle, l’atelier du Livre d’art poursuit la production de livres d’artiste et de bibliophilie, grâce au maintien de savoir-faire devenus rares voire uniques, tout en conservant et en valorisant le riche patrimoine typographique de l’Imprimerie Nationale.

Pour en savoir plus sur les activités de l’atelier du Livre d’art et son patrimoine typographique, nous vous encourageons à consulter la page dédiée de notre site internet : L'Atelier du Livre d'art



L’Atelier présent au Salon international du livre rare et au Salon Pages

Principal rendez-vous mondial dans le domaine du patrimoine écrit, la 32e édition du Salon international du livre rare accueillera du 18 au 20 septembre 2020 sous la nef du Grand-Palais à Paris environ 160 libraires et galeries provenant d’une douzaine de pays. L’atelier du Livre d’art & de l’Estampe sera à nouveau présent cette année avec des démonstrations de fonte de caractères typographiques et de composition manuelle, et présentera son tout dernier ouvrage bibliophilique Le Cantique des oiseaux auquel a été décerné en 2019 le prix Jean Lurçat attribué par l’Académie des beaux-arts et l’Institut de France. Bien d’autres ouvrages publiés par l’Imprimerie nationale au cours de ces trente dernières années seront également en vente à des prix promotionnels. Mentionnons parmi les acteurs de la chaîne du livre également présents à ce salon : Les Cent Une, seule association de femmes bibliophiles, Les Amis de la Reliure d’art, les Villages du Livre, le Moulin Richard de Bas, etc. La Cinémathèque française, invitée d’honneur de cette 32e édition, exposera par ailleurs quelques pièces majeures de ses collections, l’une des plus importantes au monde sur le cinéma. Grand Palais, Paris. Les 18, 19 et 20 septembre de 11h à 20h. Entrée : 10 €.
www.salondulivrerare.paris

Amateurs et collectionneurs de livres d’artiste se donnent chaque année rendez-vous depuis la fin des années 90 au salon Pages pour y découvrir livres d’artiste et livres-objets de tous formats et de toutes formes réalisés avec des techniques d’une grande variété. Une centaine d’artistes et d’éditeurs français et étrangers viennent ainsi présenter leurs récentes créations, qu’elles soient uniques ou à tirage limité. Fruits d’une étroite collaboration entre poètes, artistes, imprimeurs et éditeurs, ces œuvres d’art s’inscrivent dans la grande tradition bibliophilique perpétuée depuis des siècles en France et en Europe.
Palais de la Femme, 94 rue de Charonne, Paris 11e. Le 20 novembre de 14h à 20h, le 21 novembre de 11 à 20h, le 22 novembre, de 11h à 19h.
www.salon-pages.paris


Journées européennes du patrimoine 2020 à Villers-Cotterêts

Programmées les 19 et 20 septembre, les Journées européennes du patrimoine – 37e édition cette année avec pour thème « Patrimoine et éducation » - permettront à nouveau à un large public d’accéder à de nombreux sites et monuments (voir liste des lieux ouverts au public à cette occasion sur www.journees-du-patrimoine.com/). L’Imprimerie nationale et son atelier du Livre d’art & de l’Estampe participera cette année à cette manifestation, hors site, au Château de Villers-Cotterêts. Ancienne résidence royale, le Château de Villers-Cotterêts, situé en Picardie, est un lieu emblématique puisque c’est précisément là que fut signée l’Ordonnance de Villers-Cotterêts par François Ier en août 1539, qui a rendu obligatoire l’usage de la langue française dans les actes administratifs et juridiques, à la place du latin. Ce château est appelé à abriter dès 2022 la Cité internationale de la langue française voulue par l’actuel Président de la République. Dans le cadre d’un partenariat engagé avec le Centre des monuments nationaux chargé de la mise en place de cette nouvelle institution dédiée à la langue française et à la francophonie, l’Imprimerie nationale apportera sa contribution en proposant des ateliers pédagogiques et des résidences d’artiste autour de la typographie et de l’imprimerie, mais également en prêtant des œuvres et matériels liés aux arts graphiques. C’est au sein de la nouvelle Maison du projet, espace d’information et de médiation de 150 m², implantée aux abords du Château que sera présentée pour la première fois au public, lors des prochaines Journées du patrimoine, la Cité internationale de la langue française appelée à devenir un lieu vivant, un « laboratoire » de la langue française et de la francophonie reliant passé, présent et futur, et à mettre en perspective le français avec les langues régionales et les autres langues du monde. Espace de recherche, d’innovation et de débat d’idées sur et avec la langue française, ce nouveau lieu culturel proposera un parcours de visite permanent, un espace d’expositions temporaires, des résidences autour de la langue française, de la traduction, de la typographie, des ateliers artistiques, pédagogiques et culturels, des espaces de formation, un laboratoire d’innovation pédagogique et linguistique, un auditorium, une librairie-boutique. Tout un ensemble d’activités qui sera dévoilé au public lors de ces prochaines Journées du patrimoine dans la Maison du projet avec la participation de l’Imprimerie nationale qui proposera une animation et des mini-conférences au cours desquelles seront présentés les prochains ateliers pédagogiques autour de la typographie que l’atelier du Livre d’art organisera sur place dès cet automne (les premiers ateliers se dérouleront les samedis 24 octobre, 28 novembre et 5 décembre 2020).

Renseignements : www.chateau-villers-cotterets.fr


Consultez notre nouveau site internet

L’atelier du Livre d’art & de l’estampe dispose depuis peu de son propre site internet. Celui-ci a été pour la circonstance totalement renouvelé et actualisé. L’internaute pourra ainsi prendre connaissance des différentes activités de l’atelier, activités qui ne cessent de se multiplier depuis ces dernières années, tout en s’informant régulièrement des récentes actualités de celui-ci : expositions et prêts, visites, formations, productions en cours, espace-vente, développements et partenariats, projets…

L’ensemble des informations disponibles se répartit entre six onglets principaux : Atelier / Patrimoine / Expositions / Espace-vente / Actualités / Contacts. Parmi les nouveautés, mentionnons un espace dédié aux productions récentes de livres d’artiste, un autre consacré aux presses historiques, un film sur la fabrication d’un livre d’art à l’atelier du Livre d’art, des expositions virtuelles (sur l’Imprimerie nationale au fil des siècles, la création typographique, les différents savoir-faire subsistant au sein de l’atelier), les différentes expositions, démonstrations et conférences auxquelles ont pris part l’Imprimerie nationale et son atelier du Livre d’art, les livres et estampes récemment publiés par l’atelier, toutes les Lettres d’information, une revue de presse. Un lien vers le futur portail des collections de l’Imprimerie nationale, actuellement en préparation, sera également disponible sur le site à l’horizon 2021. Amateurs et professionnels sont d’ores et déjà invités à consulter le nouveau site de l’atelier du Livre d’art et à nous écrire via la rubrique « contacts » pour nous faire part de leurs avis et de leurs attentes. Site en français et en anglais.

atelier-du-livre-art-imprimerienationale.fr


Une résidence d’artiste innovante à l’atelier du Livre d’art

L’ouvrage Per aspera ad astra est le fruit d’un programme de résidence d’artiste à l’initiative du Groupe A – coopérative culturelle lilloise qui a permis à deux artistes, Pascal Marquilly et François Andes, de bénéficier d’un soutien financier et technique de la part de la région Hauts-de-France, de Gutenberg Network, du Techshop Leroy Merlin de Lille et de l’atelier du Livre d’art & de l’Estampe de l’Imprimerie nationale en vue de déployer un travail de recherche et de création sur deux ans. La première année (2018) a été consacrée à la recherche et à la conception d’une œuvre sérielle tandis que la seconde (2019) a été dédiée à sa réalisation et sa fabrication. La résidence s’est déroulée en différents lieux : en Bretagne et au centre d’art Propaganda Network à Tbilissi (Géorgie) pour les recherches et la conception technique, à l’atelier du Livre d’art & de l’Estampe pour la composition et l’impression typographiques ainsi que pour les impressions à encres pigmentaires et l’impression sérigraphique, enfin au Techshop Leroy Merlin de Lille pour les découpes laser. Les artistes ont ainsi eu l’occasion de confronter leurs pratiques artistiques à celles des métiers de l’impression à la fois traditionnelle et numérique et d’expérimenter l’hybridation de différentes techniques. L’édition, réalisée en grande partie au sein de l’atelier du Livre d’art & de l’Estampe, se présente sous la forme d’un coffret composé de 22 planches animalières conçues par les deux artistes, d’un livret de 32 pages de nouvelles écrites pour la circonstance par Pascal Marquilly, et de 7 eaux-fortes de François Andes. Les textes du livret ont été composés à la main en Romain de l’Université, caractère exclusif de l’Imprimerie nationale en trois corps (9, 10 et 12). Les impressions typographiques, les impressions à sec et à chaud ainsi que les tailles-douces et le coffret ont été réalisés au sein de l’atelier du Livre d’art & de l’Estampe. L’ensemble des procédés et techniques présents à l’atelier du Livre d’art et au service pré-presse de l’Imprimerie nationale (typographie, taille-douce, dorure, timbrage, sérigraphie, impression jet d’encres pigmentaires, coffret) ont donc été mis en œuvre pour la réalisation de cette œuvre sérielle tirée à 30 exemplaires dont 10 hors commerce sur papier Arches Expression 160 g et 250 g.
Le sujet de l’ouvrage porte sur l’écroulement de la biodiversité à partir du constat dressé par WWF dans son dernier rapport Planète vivante : depuis 1970, plus de 60% des vertébrés sauvages ont disparu. Il est presque inéluctable que, dans une vingtaine d’années, nos enfants avec leurs propres enfants feuilletteront à leur tour un livre d’images animalier et, devant les représentations colorées, leur révéleront ainsi les espèces éteintes telles que l’ours polaire, la baleine à bosse ou la loutre géante.
Le coffret et l’ensemble des planches originales seront présentés du 18 septembre au 20 décembre durant l’exposition collective « Ibant Obscuri » à La Condition publique, 14 place Faidherbe, 59100 Roubaix.

www.laconditionpublique.com


Sur les presses de l’Atelier du Livre d’art et de l’Estampe

Isle, recueil de poèmes de Mathieu Charleux.

Nés d'une submersion du massif des Maures et symbolisés par de nombreuses légendes, les joyaux de l'archipel varois ont inspiré Mathieu Charleux qui leur dédie huit poèmes illustrés de pastels d'Henri Yéru dans un recueil qui a pour titre Isle. Les textes ont été composés en Gauthier, caractère exclusif de l'Imprimerie nationale. Cet ouvrage a été imprimé sur les presses typographiques de l'atelier du Livre d'art et de l'Estampe à Flers-en-Escrebieux. Les pastels ont été imprimés en jets d'encres pigmentaires par le laboratoire 3dixièmes. Achevé d'imprimer en juin 2020, cet ouvrage de bibliophilie a été tiré à 52 exemplaires sur papier BFK Rives 280 g dont : 3 exemplaires hors commerce numérotés de I à III, 3 exemplaires de tête numérotés de 1 à 3 accompagnés chacun d’un poème original manuscrit et d’un pastel original, 46 exemplaires numérotés de 4 à 49. Tous les exemplaires sont sous couverture à rabats et signés par les artistes.

Poème de la fin, édition de Valia Eydis.

Cette édition bibliophilique de la poétesse russe Marina Tsvetaeïva illustré de sept gravures originales de Valia Eydis, est le prolongement du Poème de la montagne publié par la même artiste en 2016 (également imprimé sur les presses de l’atelier). Ce nouveau livre d’artiste est l’aboutissement du long cheminement engagé par Valia Eydis dès 2011 dans l’intimité de l’œuvre de la poétesse russe. Les éditions de ces deux grands poèmes d’amour, inspirés d’une passion vécue par Marina Tsvetaïeva, composés à Prague en 1924, sont le fruit d’un travail commun de Bo Halbirk et Valia Eydis. Ce leporello de 32 volets (format : 38 x 19 cm), contrecollé sur deux plats rigides rembordés en papier velours, a été composé à la main en caractères cyrilliques Supra corps 12. Il a été imprimé sur les presses typographiques de l'atelier du Livre d'art et de l'Estampe à Flers-en-Escrebieux. Les 7 gravures (aquatintes au bitume) ont été tirées par l’artiste sur une presse Roger Ledeuil à Paris. Achevé d'imprimé en février 2020, cet ouvrage a été tiré à 25 exemplaires sur papier Moulin du Gué 300 g dont : 5 exemplaires de tête numérotés de I à V enrichis d’une plaque gravée par l’artiste, 15 exemplaires numérotés de 1 à 15 et 5 exemplaires de tête hors commerce. Tous les exemplaires sont sous couverture à rabat et signés par l’artiste. Un livret de traduction en français et en anglais, texte imprimé avec le caractère Gauthier numérique, sur papier japon, accompagne l’édition en cyrillique.


Le livre dans tous ses états

Cette première exposition régionale d’artisans du livre en Nouvelle-Aquitaine accueillera des acteurs du patrimoine écrit français qui présenteront leurs oeuvres mais aussi leurs savoir-faire. Seront ainsi représentés l’art du papier artisanal et du parchemin, la marbrure/dominoterie, la typographie, la calligraphie, l’enluminure, le broyage des couleurs, la gravure (ex-libris et illustrations), le tannage des peaux et la mégisserie, la reliure-dorure, la restauration de livres, la librairie et l’édition… Un petit jardin médiéval sera reconstitué et mis en place à cette occasion par un groupe d’élèves jardiniers-paysagistes. Conférences et échanges figurent également au programme de ces deux journées dédiées à l’art du livre.
Du 14 au 15 novembre de 10h à 18h à la Maison des Arts à Gujan-Mestras. Entrée libre. Contact : 06 32 53 50 78

Un important patrimoine typographique numérisé

La ville d’Anvers en Belgique va numériser en partenariat avec Google plus de 100 000 ouvrages appartenant à la bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience et au Musée Plantin-Moretus (photo). Ces œuvres — un trésor de l’imprimerie — ont été publiées entre le XVIe et le XIXe siècle et ne sont plus soumises aux droits d’auteur. Les travaux de numérisation devraient débuter en 2021 et durer au moins trois ans. En septembre 2020, les 5 000 premiers livres sélectionnés seront transportés d’Anvers au centre européen de numérisation de Google par lots et à intervalles réguliers par transport sécurisé. À terme, tous les ouvrages seront librement accessibles via Google Books.
Le musée Plantin-Moretus à Anvers abrite la maison et l’imprimerie de Christophe Plantin, relieur et imprimeur célèbre dont on fête cette année les 500 ans. On y trouve notamment plus de 25 000 gravures anciennes. Iris Kockelbergh, directrice du Musée Plantin-Moretus, déclare dans un communiqué : « Notre vénérable bibliothèque contient non seulement la collection la plus complète d’estampes Plantin et Moretus au monde, mais aussi de nombreuses estampes européennes rares. Notre collection est donc inestimable pour la recherche scientifique. »
L’autre partie des ouvrages qui provient de la bibliothèque Hendrik Conscience comprend 85 000 œuvres, dont environ 40 000 ont été imprimés à l’étranger : France, Pays-Bas, Allemagne et Royaume-Uni. Lancé en 2004 avec l’objectif ambitieux de numériser et d’accéder à tous les livres du monde entier, le projet Google Books revendiquait en 2019 plus de 40 millions de livres numérisés dans 400 langues.


Le Jikji : premier livre imprimé au monde

Le Jikji, premier livre au monde à avoir été imprimé avec des caractères métalliques mobiles (photo), apparaît soixante-dix-huit ans avant la fameuse Bible de Gutenberg. C’est en Corée du sud qu’il voit le jour. Conservé à la Bibliothèque nationale de France, un facsimilé de celui-ci est en ce moment exposé au Musée de l’imprimerie et de la communication graphique à Lyon. Le Musée de l'imprimerie de Cheongju (Corée du sud) est sur le point de créer un site présentant des versions traduites en plusieurs langues étrangères, dont le français.


Vient de paraître : Le Routard, visite d’entreprise en France

Le Routard et Entreprise et Découverte, association de la visite d’entreprise, se sont associés pour faire découvrir la France à travers ses savoir-faire ! La visite d’entreprise ou tourisme de savoir-faire, est une spécificité française : plus de 2 000 entreprises sont régulièrement ouvertes au public, réparties sur tout le territoire, dans l’ensemble des secteurs d’activité, de l’agriculture à l’industrie en passant par les métiers d’art et de bouche.
Pour les visiteurs, la curiosité est au rendez-vous ! En 2018, ce sont ainsi 15 millions de personnes qui ont franchi la porte d’une entreprise pour une visite. Envie de comprendre comment ça marche, de découvrir les coulisses ? La visite d’entreprise est là pour satisfaire les curiosités du voyageur et les interrogations du consommateur. C’est un excellent moyen pour les jeunes de découvrir des métiers méconnus et de leur donner l’envie de s’orienter vers certaines professions. C’est un tourisme avide d’expériences et responsable.
Pour les entreprises, ces visites sont un formidable outil de communication directe avec le public. Démonstrations in situ de leur savoir-faire, échanges avec les visiteurs, l’entreprise joue la carte de la transparence.
Plus de 450 entreprises ont ainsi été sélectionnées dans ce Guide, de la plus artisanale à la plus industrielle : la Manufacture Bohin dans l’Orne, dernière fabricante d’aiguilles et d’épingles de France, des sites de haute technologie comme les centrales EDF ou les usines d’Airbus, les manufactures du Mobilier National… sans oublier l’atelier du Livre d’art & de l’Estampe de l’Imprimerie nationale qui figure comme site d’excellence et a été retenu parmi les coups de cœur d’Entreprise et Découverte pour les Hauts-de-France.
Prix : 10 € en librairie (disponible également en version anglaise).


CURIOSITÉS DE LA BIBLIOTHÈQUE
Pour un neuvième caractère exclusif ?

Garamont, Grandjean, Jaugeon, Luce, Didot millimétrique, Marcellin-Legrand, Gauthier et depuis peu Salamandre. Ces huit caractères exclusifs de l’Imprimerie nationale représentent-ils la totalité de son histoire ? Non ! Il en est un autre qui servit beaucoup sous la Restauration et au-delà mais qu’on jugea bientôt indigne de l’établissement : le jacquemin.
Ce type apparu en 1818 était l’œuvre de Jean Nicolas Jacquemin, graveur-fondeur de caractères, assez besogneux semble-t-il, qui travaillait sous l’autorité d’Alexandre Anisson-Dupéron. Celui-ci, fils du directeur guillotiné en 1794, avait obtenu par ordonnance de décembre 1814 une direction de l’Imprimerie royale presque indépendante, analogue à celle de ses aïeux sous l’Ancien Régime. C’est de sa propre initiative qu’il fit graver ce nouveau caractère, qu’il considérait comme sa création personnelle puisqu’il ne citait jamais le nom de l’artisan. On peut lire une analyse du jacquemin sous la plume de Jacques André dans l’Histoire de l’écriture typographique, volume sur le XIXe siècle français (Atelier Peyrousseaux éditeur, 2013). C’est un caractère qui se rapproche du didot millimétrique, mais plus gras, plus tassé et plus verticalisé dans les pleins. Il avait lui aussi les marques propres aux caractères de l’État depuis le Romain du Roi : la sécante sur la lettre l et le double empattement de tête (ce chapeau horizontal que Marcellin Legrand abandonnera pour le remplacer par une simple attaque de la lettre sur la gauche).
Or, en 1821, le garde des Sceaux réprimanda le directeur, qui avait utilisé ce caractère pour des publications du Gouvernement sans le consulter. Après la démission d’Anisson-Dupéron en juillet 1823 et la mort de Jean Jacquemin le 26 août, un jury délibéra pour l’admission des poinçons et matrices dans la collection du royaume. Les experts typographes, ne ménageant pas les critiques contre les formes et les pentes de chaque corps de ce caractère, qu’on n’appelait pas encore le jacquemin, émirent un avis défavorable. On lui reprochait surtout d’imiter le goût anglais. Anisson-Dupéron dut se résigner, en 1824, à proposer à la vente publique ces poinçons et matrices, pour lesquels il eut du mal à trouver acquéreur parce qu’ils étaient signalés dans le catalogue comme provenant « de l’ancienne direction de l’Imprimerie royale ». Ce n’est que vers 1832 qu’ils furent cédés au fondeur Vibert.
Mais des matrices étaient restées à l’Imprimerie royale, qui en avait déjà la propriété, ainsi qu’un stock de plombs qui furent encore longtemps en service. C’est pourquoi on trouve dans la bibliothèque de l’IN plusieurs livres composés en jacquemin (photo d’une page extraite d’un spécimen montrant le jacquemin). Et le moins qu’on puisse dire en les consultant est que la décision des experts de 1823 nous paraît fort injuste. Ces spécialistes étaient tous imprégnés des principes et de l’esthétique des Didot, qui leur semblaient bafoués en l’occurrence ; de plus, leur sentiment patriotique, même inconscient, les obligeait à faire barrage à tout ce qui pouvait rappeler de près ou de loin la typographie d’outre-Manche. Notre goût n’est pas victime des mêmes a priori. Certes la graisse du jacquemin le rend un peu bizarre dans les gros corps, sauf si on les réserve aux titres. Cependant le dessin de la lettre dans les petits corps apporte une force insolite et même un charme qu’on ne voit pas forcément dans les autres livres de cette période. L’amateur peut s’en rendre compte dans un ouvrage d’érudition dont le premier volume sortit en 1826, Musée de sculpture antique et moderne par le comte de Clarac : il y verra des pages d’une composition ferme, à connotation archéologique d’inscriptions minutieuses, fort lisibles, sans aucune sécheresse. Malheureusement, le même amateur risque la déception en ouvrant le troisième volume, qui parut beaucoup plus tard, alors que le jacquemin était complètement réformé et remplacé par le marcellin-legrand, plus monotone il faut le dire.
Pourquoi ne pas espérer qu’un jour, dans un futur plus ou moins éloigné, le jacquemin sera réhabilité par nos successeurs, qui auront pardonné à un ancien directeur son anticonformisme un peu égoïste ? On a bien exhumé au XXe siècle des caractères qui avaient beaucoup moins servi à leur époque, le luce et le didot millimétrique ! La vocation d’un conservatoire n’est-elle pas de dépasser les variations successives de la mode en typographie pour présenter un panorama exhaustif de l’histoire de l’écriture ? À une maison qui s’est longtemps refusée à utiliser les ressources des caractères gras, il n’est pas difficile d’imaginer les possibilités expressives qu’apporterait ce neuvième caractère exclusif.
(Didier Barrière)