Lettre d’information n°6

Un demi-siècle après le Gauthier, dernier caractère historique en date créé par l’Imprimerie nationale, le Salamandre marque une nouvelle ère, résolument tournée vers la dématérialisation et le numérique. Sans pour autant renier le passé prestigieux de notre établissement, Franck Jalleau, son créateur, a conçu un caractère adapté à notre monde actuel, un caractère lisible tant sur des supports traditionnels que sur nos écrans, un caractère ancré dans le présent mais qui n’oublie pas les cinq siècles qui l’ont précédé, un caractère de notre temps qui puise son inspiration aux sources de la Renaissance. C’est justement à une nouvelle renaissance que nous convie Franck Jalleau avec le Salamandre. Après le Romain de l’Université inspiré du Garamont de François 1^er, le Romain du Roi conçu et gravé par Grandjean pour Louis XIV, le Type poëtique de Luce pour Louis XV, le Romain de l’Empereur de Firmin Didot pour Napoléon, le Marcellin-Legrand pour Charles X, le Jaugeon au début de la Troisième République, le Gauthier sous De Gaulle, voici venu le temps d’une nouvelle police de caractères exclusivement réservée à l’usage de l’Imprimerie nationale devenue voici peu IN Groupe. Huitième caractère d’une série déjà longue, le Salamandre se distingue par sa simplicité, son élégance, son aspect épuré… sans empattement. Linéal et humanistique, décliné en romain, italique, gras et gras italique, le nouveau caractère de Franck Jalleau s’inscrit dans le sillage des polices apparues au cours de ces dernières années, polices qui peuvent combiner plusieurs styles et plusieurs graisses différents. S’inscrivant dans le sillage des premières écritures imprimées, le Salamandre ne peut pourtant être comparé à aucun autre, tout en conservant une parfaite lisibilité et une totale harmonie visuelle. Issu d’un savoir-faire ancestral, il ne fait aucun doute qu’il s’imposera très vite avec ses spécificités et sa singularité dans notre paysage typographico-digital. Le Salamandre qui fait référence à l’emblème de l’Imprimerie nationale / IN Groupe, témoigne de la permanence d’une longue et lointaine tradition qui se perpétue de siècle en siècle en s’adaptant sans cesse aux nécessités de notre temps. Rappelons que son créateur, Franck Jalleau, a intégré l’Imprimerie nationale en 1987. Depuis plus de trente ans, il conçoit des caractères pour le fiduciaire, des caractères de commande et des adaptations des types patrimoniaux, latins, orientaux et extrême-orientaux. « Sa nouvelle création, le Salamandre, vient couronner une carrière impressionnante qui le place aux côtés de ses illustres prédécesseurs de Garamont à Gauthier » écrit Thomas Huot-Marchand, directeur depuis 2012 de l’Atelier national de recherche typographique dans le dernier numéro de Graphisme en France consacré à la typographie et publié par le Centre national des arts plastiques. Franck Jalleau enseigne également le design typographique à l’École supérieure Estienne. Le Salamandre est donc désormais la huitième police historique proposée par l’atelier du Livre d’art à ses clients éditeurs et artistes.

En vertu d’un contrat signé le 20 septembre 2018, l’atelier du Livre d’art et de l’Estampe de l’Imprimerie nationale est devenu cette année le partenaire officiel de l’importante Fédération des Clubs de la Défense qui réunit 400 clubs et 165 000 adhérents sur l’ensemble du territoire français. Cette Fédération, reconnue d’utilité publique et d’intérêt général, a en effet sollicité l’atelier du Livre de l’Imprimerie Nationale en vue de l’associer à son concours littéraire, à son salon des métiers d’art et à son salon de peinture. L’atelier du Livre s’est ainsi engagé à remettre des récompenses ainsi que des diplômes aux lauréats du concours littéraire. Pour les salons des métiers d’art et de peinture, qui auront lieu plus tard dans l’année, l’atelier du Livre remettra une estampe d’artiste imprimée sur sa presse taille-douce à chacun des six lauréats.

Retour sur le concours littéraire qui fête cette année ses 53 ans tandis que la Fédération célèbre ses 60 ans. Le jury dont faisait partie le directeur de l’atelier du Livre d’art, a sélectionné 38 œuvres sur les 113 qui lui ont été soumises. Les lauréats se sont vus remettre chacun, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée le 1^er juin dernier à Saint-Georges-de-Didonne dans le cadre de la Rencontre Nationale de Théâtre (Renathéa), un ouvrage paru dans les prestigieuses collections de l’Imprimerie nationale, Lettres françaises, Salamandre, Acteurs de l’Histoire, tandis que le Grand Prix littéraire 2019, Julien Altenburger a reçu des mains de Lucile Theveneau, responsable des éditions et des expositions de l’Imprimerie nationale, un grand livre d’artiste : Voyage sur la planète innommée de Pierre Bettencourt illustré par le peintre-graveur et sculpteur Dado, ainsi qu’une composition typographique constituée de caractères en plomb à son nom. Comédien, metteur en scène et généalogiste, le lauréat a également obtenu un 1^er prix dans les catégories « Poésies », « Contes, légendes et récit merveilleux », « Théâtre, monologue, dialogue ».

Pour toute information consulter le site www.lafederationdefense.fr

Parmi les derniers livres d’artiste imprimés sur les presses de l’atelier du Livre d’art, qui sont de plus en plus nombreux chaque année, nous mentionnerons Pour un portrait aux Éditions EDITART, puis En Scandinavie et Nature céleste ces deux derniers parus aux éditions FMA qui nous avaient également confié l’an dernier l’impression de deux autres publications illustrées de créations de Bernard Alligand : Dessein de beauté de Philippe Delaveau et Trajet de l’oiseau de Bernard Noël.

Extrait du livre La beauté du monde. La littérature et les arts paru aux Éditions Gallimard, Pour un portrait, apparaît comme un texte dense qui est une réflexion à propos du Beau de Jean Starobinski. Le texte a été composé à la main en Marcellin Legrand, corps 24, et imprimé sur papier BFK Rives blanc 270 g sur les presses typographiques de l’Atelier du Livre de l’Imprimerie nationale en mai 2019. Michael Woolworth a assuré le tirage de la lithographie réalisée par Farhad Ostovani dans son atelier à Paris. L’ouvrage est présenté en quatre cahiers de quatre pages en feuilles libres de grand format dans un emboîtage toilé réalisé par la maison Paxion. Le tirage se décompose comme suit : 100 exemplaires numérotés de 1 à 100, 25 exemplaires hors commerce numérotés H.C. 1 à H.C. 25 et 5 épreuves d’artiste marqués E.A.

En Scandinavie, édition originale illustrée de plusieurs œuvres de Bernard Alligand accompagnant un poème inédit de Kenneth White, se présente sous la forme d’un leporello de 18 volets sous couverture au format à plat de 209,6 cm. Il a été composé à la main en Gauthier corps 9, 14 et 18 et tiré sur BFK Rives blanc 250 g., et a été imprimé sur les presses typographiques de l’Atelier du Livre de l’Imprimerie nationale en avril 2019 à 30 exemplaires numérotés de 1 à 30 plus un HC. Nature Céleste, édition originale illustrée de plusieurs œuvres de Bernard Alligand accompagnant un poème inédit de Jean-Pierre Geay, comporte 2 cahiers de 4 pages et 2 cahiers de 8 pages, deux plis croisés, sous couverture. Il a été composé à la main en Marcellin Legrand corps 9 et 11 et tiré sur BFK Rives blanc 250 g., et a été imprimé en deux couleurs sur les presses typographiques de l’Atelier du Livre de l’Imprimerie nationale en avril 2019 à 30 exemplaires numérotés de 1 à 30 plus un HC.

Ouvert depuis le 23 juin, le Labo nouveau lieu culturel et touristique de l’aire Hauts-de-France – Belgique propose 3 000 m² d’espaces d’exposition, de ressources numériques, d’ateliers et d’animations. Ce nouveau lieu qui associe la réhabilitation d’un collège jésuite du XVII^e siècle et le déploiement d’une architecture moderne et fonctionnelle se présente comme un concept inédit intégrant pour la première fois en France, dans une même institution, plusieurs domaines de la politique culturelle : culture scientifique, technique et industrielle ; lecture publique ; patrimoine écrit ; interprétation de l’architecture et du patrimoine. Sont ainsi déployés dans cet espace : le fonds ancien de la bibliothèque de Cambrai où sont conservés des dizaines de milliers de documents patrimoniaux majeurs ; la grande Expo sur une superficie de 200 m² qui accueillera des expositions tout au long de l’année ; la Scène qui accueillera conférences, films, spectacles, concerts… ; l’escalier des images lieu dédié au mapping numérique comme outil de recherche artistique ; le Cambraiscope un nouveau centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine dans la région des Hauts-de-France ; le studio des sciences dédié aux expériences ; l’atelier numérique espace de médiation et de formation aux outils numériques… etc.

L’exposition inaugurale dévoile 34 trésors s’étendant sur 1 000 ans d’histoire et classés en sept familles thématiques : Trésors du livre, Trésors de la science, Vertiges de la carte, Trésors de la langue, Mémoires de Cambrai, Miroirs de la bibliothèque. Présentées selon une approche originale où sont associés chercheurs et habitants du Cambrésis, ces œuvres pour certaines jamais exposées, sont conservées dans les riches collections du fonds ancien de la bibliothèque.

Pour plus d’informations, consulter le site www.lelabocambrai.fr

Graphisme en France consacré à la typographie

La 25^e édition de Graphisme en France paru ce printemps fait le point sur la création typographique abordant les questions d’enseignement, de création et d’outils. Thomas Huot-Marchand, designer et directeur de l’Atelier national de recherche typographique (ANRT) à Nancy, revient sur les différentes formations et sur les personnalités qui ont contribué à transmettre les savoir-faire et l’histoire de la typographie en France au cours de ces quarante dernières années. Il y est question du CERT, du Scriptorium de Toulouse, de l’Atelier national de création typographique, des écoles supérieures d’art de Rennes, Metz, Lyon, Valence, Amiens. Tous ceux qui ont marqué l’évolution de la typographie française durant cette période sont également largement mentionnés et présentés avec leurs travaux : José Mendoza, Adrian Frutiger, Ladislas Mandel, François Boltana, Jean-François Porchez, Franck Jalleau pour n’en citer que quelques-uns. Il est également fait une large place à la recherche, à la formation continue, à la transmission des savoir-faire à l’Imprimerie nationale. Sébastien Morlighem, docteur en histoire de la typographie et enseignant, livre dans la deuxième partie de ce numéro sa vision de la création typographique, des fonderies et des nombreuses initiatives qui ont vu le jour dans l’hexagone au cours de ces dix dernières années témoignant du dynamisme de la France dans le domaine de la création de caractères. Dans un troisième et dernier volet, Indra Kupferschmid, designer et chercheuse allemande, fait le point sur les fontes variables apparues au cours de ces dernières années et leurs applications.

Graphisme en France qui s’adresse aux créateurs de caractères, aux graphistes, aux étudiants et plus généralement à tous les publics intéressés par le design graphique, est publié à 10 000 exemplaires diffusés sur l’ensemble du réseau culturel français et peut être envoyé sur simple demande. Il est également téléchargeable en ligne sur www.cnap.graphismeenfrance.fr

Du corps à l’ouvrage

Tout ce que vous avez voulu savoir sur l’imprimerie… vous le trouverez dans cet opuscule rédigé sous une forme ludique et didactique à la fois. Aux dires de ses auteurs, Eric Dussert, bibliothécaire et critique littéraire, et Christian Laucou, typographe, imprimeur, éditeur, historien…, celui-ci n’est ni un dictionnaire, ni une encyclopédie, pas plus qu’un lexique, non plus qu’un compendium, un guide, un traité ou un manuel. Cela dit, il se lit de bout en bout et se révèle tout aussi passionnant qu’instructif, tantôt drôle et léger, tantôt sérieux et rigoureux. Le lecteur y découvrira certains mots insolites (brimborion, brucelles, hémérothèque, yappe…), d’autres appartenant au langage parfois cru des anciens imprimeurs (andouille, bœuf, lézardes, lingot, mèche, monstre, orpheline, veuve…), rappelant souvent un corps vivant (tête, œil, jambe, queue, pied, talon... voire des parties intimes de ce dernier) qui a inspiré le titre de cet ouvrage. La richesse et la variété du vocabulaire de l’imprimerie et plus généralement du livre, sont ici largement mises en valeur, et l’on se délecte à lire les définitions savoureuses qui y sont proposées. Un cahier technique, placé au centre de l’ouvrage, nous révèle les différentes appellations de l’Imprimerie nationale à travers les siècles, les différents formats de papier, les mesures typographiques, les corps de caractères français et anglo-saxons, l’anatomie des caractères, les principaux procédés d’impression. S’ajoutant aux nombreuses publications déjà parues sur le sujet, celui-ci, sans être exhaustif, se veut singulier et original, joyeux et agréable à lire. Objectif largement atteint !

Du corps à l’ouvrage, E. Dussert et Ch. Laucou, coll. Les mots du livre, La Table ronde, 2019. www.editionslatableronde.fr

La phototypie, procédé d'impression directe basé sur l'utilisation de gélatine photosensible, permettant de reproduire des photographies sans trame, est une technique unique, mais malheureusement en voie de disparition. Rares sont les ateliers qui la pratiquent encore dans le monde : mentionnons ceux de Kyoto (Japon), Pékin (Chine), Leipzig et Darmstadt (Allemagne). Une campagne de financement participatif vient d’être lancée en Allemagne destinée à enregistrer la phototypie en tant que patrimoine culturel immatériel. Cette action vise à répondre à un besoin urgent de préservation par l’UNESCO en vue de soutenir les quelques ateliers qui détiennent encore un savoir-faire dans ce domaine.

Pour plus d’informations, consulter le site www.startnext.com/prolichtdruck